RESUMEN
Contexte et objectifs. La greffe rénale n?est pas encore pratiquée en RDC, ce qui oblige les patients à se faire opérer à l?étranger. Le suivi post-greffe est fait localement par des médecins congolais, mais n?a pas encore été évalué. Nos objectifs étaient de déterminer la survie des greffons et d?identifier les facteurs associés à la perte de la fonction rénale du greffon chez les patients suivis à Kinshasa.Méthodes. Nous avons colligé les dossiers des patients qui ont bénéficié d?une greffe rénale à l?étranger (86% en Inde) et dont le suivi post-greffe a été effectué dans les hôpitaux de Kinshasa entre 2000 et 2017. Les paramètres d?intérêt étaient : l?âge au moment de la greffe, le type de greffe, la spécialité du médecin qui avait sélectionné le donneur et qui a fait le suivi post-greffe à Kinshasa, la régularité de prise des immunosuppresseurs et l?issue de la greffe (complications, rejet ou non, reprise ou non en dialyse). Les facteurs associés à la perte de la fonction rénale du greffon (défini par le rejet, une néphropathie chronique du greffon ou la reprise en dialyse) étaient recherchés en analyse univariée. La survie des greffons a été décrite par la méthode de Kaplan-Meier.Résultats. Au total, 29 sujets (moyenne d?âge à la greffe : 48±15 ans ; 83% d?hommes) ont été ou sont suivis en post-greffe rénale à Kinshasa. La greffe avec donneur vivant a été majoritaire (97%), avec 7% de donation ABO différent.Le rejet a été diagnostiqué dans 24% des cas. Les autres complications rapportées étaient : la néphropathie chronique du greffon (24%), les complications urologiques ou vasculaires per-opératoires (3%), la nécrose tubulaire aiguë transitoire (7%), les cancers (10%), le diabète cortisonique (7%) et la réactivation d?une infection par le VHC (3%). 0nze patients (38%) ont été repris en dialyse. La prise irrégulière des immunosuppresseurs (0R :3,33 ; IC 95% : 1,71-6,49 ; p=0,002) et le suivi par un médecin non néphrologue (OR: 2,88 ; IC 95% : 1,64-5,03 ; p=0,004) étaient les deux facteurs associés à la perte de la fonction rénale du greffon. La survie moyenne des greffons était de 61 mois dans le groupe entier, meilleure lorsque la préparation/le suivi était fait par un néphrologue (83 mois vs 41 mois ; p=0,026).Conclusion. Nonobstant un faible échantillonnage, ces donnent révèlent une moins bonne survie des greffons après la transplantation rénale chez les patients suivis à Kinshasa, notamment lorsque la prise en charge n?est pas faite en milieu spécialisé. Une prise de conscience collective et la nécessité d?établir des normes et de bien préparer les patients s?imposent