Climat et pathologies infectieuses émergentes

ABSTRACT

Le climat est un paramètre évolutif. Le sens du mot climat englobe les circonstances à la fois atmosphériques et météorologiques d’une région du globe. Cette dualité renvoie à une temporalité différente, la météorologie variable quotidienne, les conditions atmosphériques variables de long cours. De fait le climat est la somme des conditions météorologiques pour un lieu déterminé sur plusieurs décennies  température et d’hygrométrie en sont les déterminants principaux. Quelle est l’évolution climatique objective ? L’évolution des températures terrestres et océaniques constatées depuis le 20e siècle dépasse largement les variations constatées ou modélisées depuis un millénaire sans aucun doute possible et quelle que soit la méthode utilisée. Ce réchauffement global induit des bouleversements majeurs de température (réchauffement des zones polaires, chaleurs extrêmes des régions habitées) et d’hygrométrie (sécheresse versus inondations) [1], [2]. Examinons par quelques exemples les conséquences pour les pathogènes sur les données publiées. – Interaction agents infectieux et conditions de température et d’hygrométrie Les facteurs de saisonnalité, de pluviosité et de cohabitation animale ont été mis en avant en Nouvelle-Zélande sur le risque d’exposition à Campylobacter sp. dans l’environnement des humains, les rivières et plans d’eau étant source potentielle de contamination [3]. Dans une étude sur la leptospirose canine en Suisse, on observe sur une dizaine d’année le lien entre pluviosité, variation saisonnière de la température et nombre de cas dépistés. Et ainsi, de très nombreuses autres publications documentent ces interactions [4]. – Pathologies vectorielles impactées par les variations climatiques Les capacités vectorielles d’Aedes (A. aegypti, mais aussi A. albopictus, vecteurs de la dengue et nombreux autres virus), à savoir la durée d’incubation, la mortalité du vecteur, le taux de piqure et la probabilité de transmission sont globalement optimisés au-delà de 26°C [5], [6]. – Changement climatique et partage viral Une étude récente dans la revue Nature évalue quatre scénarios, allant d’un contrôle environnemental avec réchauffement inférieur à 2°C d’ici à 2070, jusqu’à un réchauffement supérieur à 4°C. Les changements climatiques et l’utilisation des terres vont créer de nouvelles possibilités de partage viral entre des espèces sauvages auparavant isolées géographiquement. Il en résulte la prévision d’une augmentation d’un facteur 4 000 de la transmission inter-espèces de leurs virus [7]. Ainsi l’interaction des agents infectieux avec le climat procède de déterminants multiples  eau et température, mais également dispersion des espèces animales et transmission d’agents pathogènes inter-espèces [8]. Enfin d’autres enjeux écologiques tels que l’altération des sols et les bouleversements sociétaux contribuent aux modifications du risque infectieux  prolifération et émergence de nouveaux pathogènes [9]. La pandémie COVID-19, qui en près de deux ans a touché l’ensemble de la Terre, est une illustration de ces zoonoses qui combinent les multiples facteurs favorisant l’émergence. Une bonne illustration des perspectives d’émergence est l’évolution (modélisée) des conditions favorables à la capacité vectorielle des Aedes en Europe au 21e siècle  favorables sur l’ensemble du continent d’ici à la fin du siècle, permettant l’émergence ou le renforcement des agents infectieux ;en période estivale, les conditions de capacité vectorielle pour Berlin ou Paris seront à terme élevées et identiques à celles d’Athènes ou de Rome [10]. Dans ce contexte nos choix détermineront donc les solutions et devront aborder la question du réchauffement, des problèmes de santé publique, la planification urbaine, le travail sur les mesures préventives et bien d’autres [11]. La synthèse de cette démarche nécessaire s’app lle l’approche Santé Globale (One Health) qui conjugue santé humaine, santé animale et santé environnementale au sens le plus large.